En exposant l'oeuvre de sculpteurs connus et moins connus, les auteurs nous font découvrir les transformations radicales qui caractérisent la sculpture moderne. Depuis les Ready-Made de Marcel Duchamp, la démarche artistique et le processus de création ont changés. D'une part, le sculpteur travaille avec de nouvelles matières. D'autre part, il doit repenser les rapports avec le volume, l'espace et le corps alors qu'il remet en question la symbolique même de l'œuvre d'art. Puis, lle livre expose aussi les éléments qui ont transformé la relation entre le sculpteur et le public depuis que les lieux de diffusion de l'art ne se limitent plus aux musées et aux galeries d'exposition.
Chapitre I : Les lieux de la culture en France
Même si le musée reste le lieu privilégié qui offre une vision synthétique de l'histoire de la sculpture, le XXe siècle à donné naissance à plusieurs autres lieux d'exposition. D'une part, les musées nationaux et municipaux exposent des collections riches et attrayantes pour les amateurs d'art. Surtout depuis que les sculpteurs se sont mis à léguer leurs ateliers et leurs lieux de création privés à l'État français (par exemple Constantin Brancusi, en 1957). Les musées et les centres peuvent donc consacrer des salles entières, voire la totalité d'un musée, à l'œuvre d'un sculpteur. Il y a par exemple la salle Arp du musée d'art contemporain de Strasbourg, le musée Rodin à Paris, etc. D'autre part, il n'est pas étonnant aujourd'hui de fréquenter des centres d'art, des parcs, voire des espaces urbains consacrés aux grands sculpteurs. Il est en effet possible d'admirer des créations sculpturales sur la pelouse, au bord d'un lac, dans la cour d'un château, dans une ancienne usine réhabilitée, dans les jardins publics, sur les grandes places, etc. On peut citer comme exemples le Jardin du Luxembourg et l'esplanade de la Défense.
Chapitre II : Les frémissements de la modernité
Depuis longtemps l'histoire de l'art et la philosophie infériorisent la sculpture pour mieux vanter les mérites de la peinture qui serait l'art intellectuel par excellence. Elle incarnerait la matière et le mouvement de façon immatérielle. "La forme atteint son essence quand elle se détache de la matière" déclare la philosophie (1). La sculpture, elle, serait moins spirituelle car elle incarnerait simplement la forme par la matière. Cependant, les grands sculpteurs ont su défendre leur art en affirmant que le volume de la masse, l'occupation de l'espace et la lourdeur même qu'on lui reproche intensifient le rapport direct avec le spectateur. En ce sens, plusieurs artistes du XIXe siècle ont contribué au passage de la sculpture vers la modernité. Certains, en proposant une rénovation de l'art et d'autre une rupture plus radicale avec les traditions. C'est en travaillant sur leur inspiration commune, la figure humaine, que tous envisagèrent la sculpture moderne.
Les figures anatomiques inachevées chez Rodin, Maillol et Matisse représentent une nouvelle conception architecturale et segmentaire du corps humain. On se détache du classicisme en remplaçant les formes lisses et pleines par des corps fragmentés, des creux et des surfaces non-polies sur lesquelles on perçoit encore l'empreinte des outils, les accidents et les défauts. On effectue aussi un rapprochement entre la culture occidentale et les arts tribaux d'Afrique et d'Océanie en travaillant de nouvelles matières comme le bois, l'os et le nacre.
Henri Matisse rompt avec la notion de précision anatomique et la vision idéalisée du corps humain (2), deux tendances majeurs du XIXe siècle. Il produit plutôt des formes simplifiées qui se rapprochent de l'abstrait. De façon plus radicale, Edgar Degas avec sa Petite Danseuse de 14 ans, remet en question la sculpture en tant qu'object, conçue comme un seul bloc monolithique. En effet, il utilise différents matériaux en habillant sa danseuse de bronze d'un ruban de soie et d'un tutu en dentelle. La petite danseuse devient non seulement l'ancêtre de "l'assemblage" mais son corps vide d'expression est un affront aux corps fermes et braqués des héros classiques.
A lire...
(1) (2) GOLBERG I., MONNIN F., 2007, La sculpture moderne au Musée national d'art moderne Centre Georges Pompidou, Éditions Scala, Coll. Tableaux choisis.