Tout ça a commencé parce que j'ai vu un film. Oui, le septième art a toujours son emprise sur moi. Encore une fois, Nicole Kidman s'est joué de ma sensibilité. Dans le film, elle est Faunia Farley. Sauvage comme la faune. Brute dans le regard et la voix. Une autre femme-animale chargée d'un lourd passé, à qui la vie n'a pas fait de cadeaux. Et puis, l'intellect : Anthony Hopkins dans la peau de Coleman Silk. Ancien et robuste tel un grand arbre, d'ailleurs et d'un autre temps. L'histoire se déroule en Nouvelle-Angleterre dans les Berkshires : cette chaine de montagnes aux riches forêts mixtes, accidentée par ses nervures fluviales. Accusé d'un acte de racisme, ce professeur émérite verra sa carrière entant que doyen à l'Université d'Athena, s'effondrer. Coleman Silk n'est pas du genre à se laisser accabler par l'infortune mais il subira les représailles de ses amis devenus adversaires, jusqu'à démissionner. Silky Silk, champion de boxe invétéré dans sa jeunesse ne pourra livrer se dernier combat contre l'injuste. A 70 ans, il fera la rencontre de Faunia, 34 ans. Inculte et illettrée, elle fait le ménage à l'université. Cette femme torturée par la vie, au regard de chagrin dont les paroles ne sont que violence, incarnera la volupté. La dernière grande histoire d'amour de Coleman. Son élixir de jeunesse éternelle. C'est en Faunia qu'il trouvera la force de se libérer de son secret. Le secret au nom duquel il a tout perdu pour mieux trouver son salut.
Le Film : un secret bien gardé
The Humain Stain, le roman de Philip Roth, fut adapté au cinéma par Nicholas Meyer et réalisé par Robert Benton, en 2003. Les acteurs sont justes, donc excellents quand on parle de Nicole Kidman et Anthony Hopkins. Ed Harris, une fois de plus, offre une performance magistrale dans le rôle de Lester Farley, l'ex-mari violent de Faunia. Cet ancien combattant du Viet-Nam souffrant de syndrome post-traumatique incarne une Amérique marginalisée et méfiante envers l'Etat. C'est un personnage important qui reflète l'état général de paranoia grandissante aux Etats-Unis. Lester Farley est en quelque sorte l'alter égo schizophrène de Coleman Silk, celui qui a réussi en se conformant aux normes sociales jusqu'à effacer toute trace de son histoire et de sa mémoire. J'ai été bouleversée par la trame sonore qui marie avec raffinement les rythmes jazz de Duke Ellington et Irving Berlin aux folies de Gershwin et à la douce nostalgie de Schubert. Pour les amoureux de l'hiver vous fonderez sous le charme des grands sapins et des paysages enneigés, des routes impraticables, d'une maisons au cœur de la forêt, d'un corps de femme à la lueur du feu de cheminée, et de la pêche sur glace bien sure. Le film a été tourné en partie au Québec : à Cowansville, Hudson, Rosemère et Montréal.
Le Livre qui fait tache
Je n'ai pas trop adhéré au style d'écriture de Philip Roth. J'ai subit plus que savouré les passages descriptifs, denses et répétitifs, sortes de dissertations sur la psychologie des personnages. Ennuyeuses et lourdes, elles ralentissent le récit et retardent les moments dramatiques et les dialogues qui sont beaucoup plus parlant sur la profondeur des personnages. J'ai trouvé le courage de lire jusqu'au bout mue par la curiosité et le désir de comparaison avec le film que j'ai beaucoup apprécié.
ROTH P., 2002, La tache, Éditions Gallimard, Paris.
The Human Stain, de Robert Benton (2003).
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