C'était en fin d'après-midi, j'étais confortablement assise sur mon canapé et je zappais sans grand intérêt. Je me suis arrêtée sur une image, le visage de Louis Garrel avec le ciel de Paris en arrière fond. Pourquoi ne suis-je pas subjuguée par la poésie et beauté de ce sex symbol qui attire les éloges. A-t-il réellement du talent? Je pose la télécommande et me laisse prendre au jeu. Le film commence par un monologue : Louis Garrel face à la caméra. Il nous parle, il me parle. Son personnage est coupé en deux. Il est à la fois celui de Jonathan, fils allègre et charmant, d'une grande sensibilité, dont la jeunesse empreinte de légèreté se passe à effleurer la peau des filles jusque dans leurs lits et à se balader dans Paris. Mais il incarne aussi l'ange protecteur, fils et frère aimant, qui plane au dessus de son humble appartement transformé en foyer familial par la force des choses. Omniprésent, il veille sur lui. L'appartement, huit clos surpeuplé où se sont réfugiés son père et son frère, contraste avec les vastes rues et les grandes places parisiennes. Ainsi se compose le triptyque du fils consciencieux et spontané qui ère joyeusement en plein air, du frère dépressif et brisé par un chagrin d'amour et du père poule bienveillant, à l'instinct maternel, divorcé parce que tout à fait dépourvu de virilité. Il y a peut-être une intolérance envers les hommes fragiles selon nos codes sociaux mais il en est autrement au cinéma?
Agacée par le monologue peu convaincant du début, je me suis nichée peu à peu au coeur de cette famille masculine dont la mater est l'élément trouble. Elle a quitté le foyer et laissé derrière elle des hommes sensibles. Et la mort d'une enfant qui les a quitté trop tôt. Une sœur ou une fille telle l'ombre d'une deuxième présence féminine qui les hantera pour toujours.
Agacée par le monologue peu convaincant du début, je me suis nichée peu à peu au coeur de cette famille masculine dont la mater est l'élément trouble. Elle a quitté le foyer et laissé derrière elle des hommes sensibles. Et la mort d'une enfant qui les a quitté trop tôt. Une sœur ou une fille telle l'ombre d'une deuxième présence féminine qui les hantera pour toujours.
Un des plus beaux moments du film fait intrusion dans l'unique chambre où Paul s'est enfermé et pleure sa rupture des journées entières. Il met un disque et fredonne un vieux succès des années 80 dans un anglais très approximatif et à moitié inventé. Pendant un instant il n'est plus l'homme triste et s'égare inconsciemment dans la mécanique du chant. Il est comme distrait par un élément extérieur insignifiant et se détache délicatement de l'accablante réalité le temps de cette chanson. Affalé sur le lit, il porte un vulgaire caleçon qu'il a porté tant de fois. Personne ne le voit mais moi je le voit et me sens presque gênée d'être là.
Puis Guy Marchant joue le rôle du père inquiet qui regarde vivre sa progéniture meurtrie ou frivole. Il prépare avec conviction le bouillon de poule qui guérit les bobos du cœur. Ces garçons sont des hommes mais encore des enfants. Et la mère qui passe à l'improviste et qui se sent étouffée par l'homme rose, la douceur des hommes. Son ex-mari trop mou et trop compréhensif n'a pas su répondre avec virilité à ses ardeurs charnels. Elle ressent une vague d'écœurement à le regarder là, dans la cuisine qui prépare comme une bonne maman son bouillon de poule. Elle sort une seconde fois de sa vie.
Et Jonathan dans sa course folle retient son frère au bout du fil, lui lance une bouée de sauvetage. Dans Paris il rencontre de jolies filles qui partageront ses ébats. Dans leurs lits, il se sent vivant et pense inconsciemment à son frère qui a perdu le goût de vivre. Comme il voudrait partager ses vertiges sensoriels avec lui, pour le sauver enfin.
Jonathan rejoint Paul pour lui raconter sa journée et lui dire à sa manière qu'il regrette le temps où ils étaient enfants. Le temps où Paul ouvrait un livre d'histoire et lui faisait la lecture. Le réalisateur a d'ailleurs écrit plusieurs livres jeunesse...
J'ai été très touchée par la matérialisation de la solidarité filiale dans ce film. Les personnages semblent partager dans leurs rapports et dans leur intimité des émotions associées au caractère féminin. On pourrait dire en quelque sorte que l'anima (la part féminine de l'homme, selon Carl Jung) permet ici de retrouver un équilibre familial. Paul, Jonathan et leur père diffusent un halo de tendresse masculine rarement vue au cinéma.
Je crois que vous l'aviez deviné mais je me suis laissée émouvoir par la complicité entre les acteurs, par un souffle artistique contemporain et par des scènes touchantes et épurées.
Jonathan rejoint Paul pour lui raconter sa journée et lui dire à sa manière qu'il regrette le temps où ils étaient enfants. Le temps où Paul ouvrait un livre d'histoire et lui faisait la lecture. Le réalisateur a d'ailleurs écrit plusieurs livres jeunesse...
J'ai été très touchée par la matérialisation de la solidarité filiale dans ce film. Les personnages semblent partager dans leurs rapports et dans leur intimité des émotions associées au caractère féminin. On pourrait dire en quelque sorte que l'anima (la part féminine de l'homme, selon Carl Jung) permet ici de retrouver un équilibre familial. Paul, Jonathan et leur père diffusent un halo de tendresse masculine rarement vue au cinéma.
Je crois que vous l'aviez deviné mais je me suis laissée émouvoir par la complicité entre les acteurs, par un souffle artistique contemporain et par des scènes touchantes et épurées.
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